Gestion de l’espace atmosphérique, quelle influence pour les pays insulaires? - 29/09/2049
L’Océan Pacifique est le plus grand océan de notre petit planète. Bien que souvent représenté sur les planisphères comme une immense zone vide, le Pacifique est une zone habitée, vivante et creuset d’une civilisation qui a conquis cet immense espace maritime il y a bien des siècles, lorsque les européens commençaient à peine à s’éloigner des rivages continentaux.

Pendant longtemps, et notamment au cours des années 2020, le Pacifique est (re)devenu une zone importante d’échanges économiques, politiques, écologiques (du point de vue négatif malheureusement notamment du fait de ces “océans de plastique”, voir notre article à ce sujet).
Et, à la lumière des échanges et enjeux politiques de l’époque, il semblait que, à nouveau, le Pacifique était cette zone vide de vie, de villes, de communautés… Les géants populistes ou autoritaires (USA, Inde et Chine en tête) ne se souciant des habitants des îles du Pacifique que pour obtenir (au travers des gouvernements locaux, souvent corrompus) des votes aux assemblées générales de l’ONU ou autre intérêt purement politicien, pour dire les choses plus poliment, “géopolitiques”.
Mais le Pacifique a appris sa leçon.
Les dernières années ont été, au plan de la communauté internationale, l’occasion d’un débat rageur sur la gestion des espaces atmosphériques, stratosphériques et supérieurs. Face au développement de l’industrie spatiale privée et le redémarrage de projet de colonies spatiales comme signe de puissance politique terrestre, la question s’est vite faite sentir de qui, comment et que gérer au plan national, international…
Car de cet engouement pour l’espace est arrivé à la suite : les problématiques de pollution atmosphériques (les fusées électriques ne sont pas pour demain!), de déchets spatiaux (en orbite ou retombant dans l’atmosphère avec les problématiques de pollution liées), les problématiques liées à la surveillance satellitaire…
Bref, l’espace était devenu ce nouveau Far West (ou Haute Mer) dans lequel les puissances mondiales imposaient leurs règles. Que ce soit à coup de menaces, de spectacles de gros bras (beaucoup se souviennent des défilés de missiles stratosphériques chinois et autres “Space Force” américaine lors des grands défilés nationalistes lors desquels les deux nations concourraient l’une contre l’autre tel un jeu du “qui p…e le plus loin”), la voix des “petits” Etats a eu bien du mal à se faire entendre.
Et comme souvent, le Pacifique en a fait les frais: zone d’impact des déchets spatiaux (et les “ratés” dans les communautés insulaires ont commencé à faire bien des dégâts), exploitation d’un espace aussi grand que l’océan sans aucune retombée économique pour les îles…
Le Forum a donc décidé de taper du point sur la table onusienne. Se remémorant les règles traditionnelles de gestion des espaces, les îles du Pacifique viennent de déposer un projet de résolution à l’assemblée générale.
En effet, avant le temps de la colonisation, la gestion des espaces terrestres et marins tenait compte des interactions entre les écosystèmes. Ainsi, chaque communauté (famille, clan, tribu) possédait l’espace du point haut de la montagne jusqu’à la limite frangeante du récif lagonaire. Les communautés n’étaient alors que gardiennes de l’espace et non propriétaire.
Fort de cette tradition, remise au goût du jour dans certaines îles, le Forum a proposé d’étendre cette logique à l’état du monde actuel. Les pirogues d’aujourd’hui dépassent de loin les océans et les navigateurs d’aujourd’hui naviguent littéralement des les étoiles et non plus seulement grâce aux étoiles.
Et puisque les grandes Nations sont si friandes de développement spatial et que le Pacifique atmosphérique représente une grande zone de jeu, le Forum souhaite en tirer un profit immédiat en réclamant des parts du développement économique qui en découle.
D’ores et déjà les grands Etats ont clairement montré leur opposition au projet estimant que l’aide qu’ils donnent à tous ces Etats vient largement compenser les soi-disant pertes estimées. Mais cela ne s’envisage qu’à considérer une relation de donneur à nécessiteux et non pas de partenaires.
Les espoirs sont mince de la réussite d’une telle résolution mais il est appréciable de voir le Forum se poser en intermédiaire internationale et solidaire des enjeux de chaque île et l’on ne peut que souhaiter que malgré l’échec prévisible, cela ne sera que le premier pas d’une approche régionale forte et au bénéfice des populations.